Ieper van 't vat - publication service des archives (Ville d'Ypres)
DE LA BIÈRE À YPRES
Ypres dispose d'une riche histoire en matière de bière. Au milieu du XVIIe siècle, la ville comptait près de 30 brasseries et distilleries. Mais après la Première Guerre mondiale, seules 5 brasseries ont relancé leur activité. La Brasserie Centrale Yproise a été fondée en 1922, grâce aux indemnités de guerre de diverses brasseries. Celle-ci devient la brasserie Ypersche Centrale Brouwerij en 1941 et enfin la brasserie Roberg en 1960. La Brasserie La Cour de Bruxelles, située sur la Diksmuidestraat, devient la brasserie Vermeulen en 1836. Cette brasserie, la dernière en activité dans la ville d’Ypres, a fermé ses portes en novembre 1976.
Deux familles de brasseurs unissent leurs forces
La brasserie yproise Kazematten est le fruit de la vision de Hans Depypere (directeur de la brasserie St.Bernardus) et Rudi Ghequire (maître brasseur et ambassadeur de la marque Rodenbach). Hans nourrissait depuis longtemps le rêve de fonder un jour une microbrasserie, mais la recherche de l’emplacement parfait ne s’est pas déroulée sans heurts. Le projet a pris de l’ampleur lorsque la brasserie St.Bernardus a commencé à chercher un nouvel emplacement pour brasser sa bière Grotten Santé. C’est Rudi Ghequire – un bon ami de Hans depuis de nombreuses années – qui lui a soufflé l’emplacement unique des Casemates d’Ypres. Sous l’impulsion des deux familles de brasseurs, la brasserie Kazematten a finalement été fondée, et après plus de 35 ans, Ypres a finalement retrouvé sa brasserie attitrée.
Façade Kazematten - Houten Paard - Anno 2021
Les remparts d'Ypres - Anno 1919
Si les murs pouvaient parler
Les casemates historiques uniques du Houten Paard, à la porte de Lille, sont situées dans les remparts qui entourent la ville d’Ypres. En 2014, cela aurait été l’endroit idéal pour brasser de la bière, mais l’emplacement a une histoire totalement inédite.
Les remparts d’Ypres, et donc aussi ses trois casemates, ou « souterrains » ont été construits vers 1680 selon les plans de Vauban, le grand ingénieur en forteresses de Louis XIV. Au fil des siècles, ces souterrains ont servi de lieu de stockage pour des munitions et du matériel militaire. Ils ont également abrité les troupes qui ont défendu Ypres pendant ses nombreux sièges. Ainsi, pendant la Première Guerre mondiale, les troupes britanniques ont aménagé les casemates pour en faire un mess pour les officiers. Leur poste de commandement, leur lieu de repos et leur hôpital de campagne se trouvaient également à l’« hôtel des Remparts », comme étaient surnommées – non sans ironie – les casemates. C’est également à cet endroit que les soldats britanniques imprimaient leur journal de tranchées satirique « The Wipers Times ».
Niek Benoot - Hooge Crater Museum
LE LIEN AVEC HOOGE CRATER
Citation de Niek Benoot – Musée du Hooge Crater : « Lorsque j’ai fait des recherches en 2013, avec le directeur des ventes Marco Passarella, nous avons découvert quelque chose de très intéressant.
Nous sommes arrivés à la conclusion que le 12e bataillon des Sherwood Foresters – pendant la Première Guerre mondiale – avait un lien très fort avec la route de Menin et le village Hooge, où se trouve notre musée. C’est pourquoi la mention « Hooge » a toujours figuré au dos de « The Wipers Times ». Il y a plus de 100 ans, les soldats ont combattu sur le Hooge et ont ensuite relaté leurs aventures sur un ton humoristique dans leur journal « The Wipers Times », et ce depuis les Casemates actuelles. Nous servons maintenant au Hooge Crater Museum une bière brassée là où était imprimé à l’époque le journal « The Wipers Times », et cela est riche de sens. C’est notre hommage au courage et à la détermination dont ils firent preuve jadis. »
LE DÉBUT D'UNE NOUVELLE HISTOIRE
En 2013, Koen Hugelier et Rudi Ghequire ont brassé ensemble le premier brassin du Wipers Times Blond. Tout s’est bien passé et Rudi évoque fièrement cette journée comme l’un des plus beaux jours de sa carrière de brasseur. Depuis lors, Koen brasse lui-même chaque goutte de bière. Hugelier est entièrement responsable du processus de brassage traditionnel et retire lui-même les drêches de la cuve de brassage. Après que la bière ait suffisamment reposé dans les cuves, elle part en cuve vers Watou, où elle est mise en bouteille dans la brasserie St.Bernardus.
Rudi Ghequire (c) Sophie Callewaert
Julie Depypere
UNE NOUVELLE GÉNÉRATION
Hans et Rudi ont laissé à Julie Depypere et à Maarten Ghequire, leurs enfants respectifs, le soin de prendre le relais du projet moussant de leurs rêves : it runs in the family – c’est dans les gènes. Et bien leur en a pris: avec la Wipers Times Blond, fleuron de la brasserie, celle-ci a remporté beaucoup de prix lors de concours internationaux de bière – une médaille de bronze au Brussels Beer Challenge en 2017 et une médaille de bronze aux World Beer Awards 2020 dans la catégorie « Belgian Style Blond ». En 2021, la Wipers Times Blond a fait encore mieux, puisqu’elle a été proclamée « Lauréate nationale » dans la même catégorie! En plus de repartir avec la médaille d’or et d’avoir été élus « meilleure bière blonde de Belgique ». Le rebranding de la bière a également remporté une médaille de bronze dans la catégorie 'Redesign / relance'. De plus, la Wipers Times Dubbel a remporté une médaille de bronze aux World Beer Awards 2021 dans la catégorie "Herb & Spice" et Tremist a remporté une médaille d'argent dans la catégorie "Saison".